Visite domiciliaire du médecin dans la peinture
- Lise Tran
- 2 juil.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 août
Paul Wilock (22/02/2025)
Par une série de tableaux peints entre les XVe et XXe siècles, l’auteur sélectionne ceux qui représentent la visite du médecin au domicile du patient et ce qui s’y passe au prorata de la science du moment. On verra que des constantes s’y retrouvent qui ont parfois la peau dure. Ainsi, est-il d’abord rappelé le règne le la théorie des 4 humeurs chères à Hippocrate (sang, phlegme, bile jaune, bile noire) et des qualités physiques qui les accompagnent (chaud, froid, sec, humide) et les éléments (air, terre, eau, feu) qui en sont la base.
La santé découle de l’équilibre des 4 ; la maladie provient d’un déséquilibre qui induit 4 tempéraments : le sanguin, le lymphatique, le bilieux et le mélancolique.
Le peintre Louis Finson (Ludovicus Finsonius) (1574-1617) en a peint une analogie : 4 individus (2 hommes et 2 femmes) se tordent en une ronde infernale : à droite, en haut, un homme jeune représente le feu qu’il contrôle en maîtrisant le bras de la jeune femme, en haut à gauche , qui est l’air, et l’eau représentée par un vieillard couché en bas à gauche, dont le pied droit plaque au sol une vieille femme qui représente la terre. Telles sont les connexions des 4 humeurs.
De David de la Vigne (1614-1684), une série de dessins représente « Le miroir de la bonne mort qui montre par images la passion de Notre Sauveur Jésus-Christ, tout ce que le malade doit faire afin de mourir heureusement ».
Avec Franz Van Mieris (1635-1681), voici un exemplaire « Visite du médecin » dans un intérieur hollandais. La patiente aux traits pâles offre un poignet docile et relâché à la main du médecin qui sans pression, prend le pouls radial de son autre main. Le praticien a l’air de signifier qu’il a compris. Sur la table, cuvette de cuivre et bouteille pourraient signifier des vomissements. Serait-elle enceinte ?
De Gérard Dou (1635-1675) et ses petits formats, nous avons : « Le dentiste à la chandelle » et « La femme hydropique » (1663). Un éclairage latéral met 4 personnes en évidence. Ce serait une femme enceinte dans toute sa pâleur ; alors qu’à l’époque, hydropique voulait dire : maladie de l’âme par éloignement de Dieu. En fait, le médecin debout mire l’urine et pourrait se tromper de diagnostic.
Avec Samuel Van Hoogstraeten (1627-1678), voici une dame anémique aussi pâle que ses vêtements, tandis qu’un praticien mire ses urines.
Avec le peintre américain Charles Robert Leslie (1794-1859) sont mises en peinture des scènes du malade imaginaire.
Avec René Laennec (1781-1826) naît l’auscultation médiate par stéthoscope (Théobald Chartran).
Ave Hugo Van Habermann (1849-1929), voici une consultation, plus dans l’air de notre temps. Dans un désordre de bon aloi, le médecin assis et penché ausculte l’enfant dont la mère qui tient les vêtements explique ses questions et ses craintes.
Quant à Sir Lucke Fildes, voici l’enfant malade veillé par son père et le médecin perplexe tandis que la mère effondrée pleure sur son malheur.
En conclusion, nombreuses sont les peintures présentées dans cette conférence en recherche de la pratique au domicile. Pâleur féminine, uroscopie, saignée, sont peu à peu remplacés par des scènes plus intimistes.
Pour accéder à l’ensemble des tableaux, s’adresser à wylock.paul@skynet.be.